HDA Créteil

La relecture de Dante : revisiter la figure du poète

11 / 02 / 2016 | Nadège BUDZINSKI | Isabelle MONS | Groupe HDA | Damien BROHON
Les TraAM en histoire des arts
Portail national HDA : http://urlc.fr/HOSycd

Les dessins noirs

Revisiter la figure du poète

A. Les dessins noirs, une clef pour comprendre la sculpture de Rodin

Objectifs  :
Découvrir les « Dessins noirs » de Rodin.
Voir comment les dessins de Rodin sont une clef pour comprendre sa sculpture.

Œuvre travaillée :
Dante se jetant dans les bras de Virgile, 1880

Que font les élèves ?

Première approche sensible :

  • Projeter plusieurs des « dessins noirs » de Rodin ; cette projection initiale permet de recueillir les impressions initiales des élèves ; à partir de ces réactions spontanées, les détails collectés donneront lieu à l’ébauche d’une première carte mentale.
    Les élèves pourront dans un second temps être informés sur l’Enfer de Dante et pourront vérifier si les hypothèses envisagées sont validées ou invalidées. Une seconde carte heuristique peut- être réalisée.
    Enfin, la problématique est posée : comment les dessins noirs de Rodin représentent-ils une clef pour appréhender ses œuvres sculptées ?

[( Les dessins noirs de Rodin

  • Il s’agit d’un ensemble d’une centaine de dessins des années 1880 au lavis et en couleur majoritairement inspirés de « l’Enfer » de Dante car servant de travaux préparatoires à la Porte de l’Enfer, un grand ensemble sculpté commandé par la direction des Beaux-Arts à Rodin en 1880 et d’abord destinée à un Musée des Arts décoratifs. Le penseur et Le baiser sont des œuvres célèbres de Rodin qui ont d’abord été intégrées à cet ensemble avant d’en être extraites.
  • Ayant reçu la commande, Rodin lit le livre de Dante « un crayon à la main  » afin « de travailler dans l’esprit de ce formidable poète ». Il ne s’agit pas pour lui de faire des esquisses préparatoires, mais de s’imprégner de l’esprit du poète pour concevoir sa Porte de l’Enfer.)]
    Projeter (voir le dossier de diapositives proposé en annexe) :
    Ugolin et ses fils (Diapositive 1)
    Dante et Virgile aperçoivent les démons qui les ont rattrapés. Ils glissent sur le terrain. (Diapositive 2)
    • Couple enlacé du Cercle des amours (Paolo et Francesca) (Diapositive 3)
    Dante se jetant dans les bras de Virgile (Diapositive 4)

Dessins au crayon graphite et encre sur papier crème.

Seconde approche culturelle et pratique :

  • Demander aux élèves de verbaliser puis noter leurs impressions sur cet ensemble de dessins. Essayer de définir l’atmosphère qui se dégage de ces dessins, le style de l’artiste, les points communs, etc.
  • Le professeur apporte dans un second temps des connaissances à propos des Dessins noirs et propose une comparaison avec La porte de l’Enfer  ; bronze, 6,35 X 4 X 0,85 cm, Musée Rodin, 1880.1917 (Diapositive 5) et la présente brièvement. Pour cela s’appuyer sur le texte ci-dessous que l’on peut trouver sur le site du musée Rodin : http://www.musee-rodin.fr/fr/collections/sculptures/la-porte-de-lenfer (voir les ressources complémentaires présentées en annexe).
  • Les élèves relient leurs observations et les connaissances apportées : ces dessins sont noirs visuellement (beaucoup de traits sombres), mais aussi par le sujet traité (l’enfer).

Projeter le dessin Dante se jetant dans les bras de Virgile (diapositive 4) :

Dante se jetant dans les bras de Virgile
  • Annotation à la plume et encre brune (face, en haut, à gauche et sur le côté) : Caverne - Dante à la vue de la vallée (se) jette dans les bras de Virgile - bas - caverne ? Crayon graphite, plume, encre brune. Papier crème réglé déchiré aux deux angles à droite.
  • Préciser aux élèves ce qui est représenté : Dante est le poète effrayé, au centre de l’élan vers Virgile mais il reste sans visage. Virgile guette les démons et protège son compagnon, un poète nu et non en toge.

Objectif  :
Voir comment ces dessins, sans être des esquisses préparatoires (ce qui est leur rôle traditionnel), nous permettent de mieux comprendre les conceptions artistiques de Rodin, d’entrer dans l’intimité de son œuvre.

Activités des élèves :

  • Dessin : Les élèves dessinent tout ou partie du dessin de Rodin projeté. Leur suggérer de se concentrer sur les effets graphiques. Les mettre à l’aise : il ne s’agit pas tant de faire une copie parfaite que de chercher à comprendre, en dessinant, comment Rodin a travaillé ici. Devoir dessiner d’après modèle amène à un regard plus aigu et précis, non langagier, le temps de l’écriture ne venant qu’ensuite.
  • Consigne donnée aux élèves pour passer à l’écrit : « en une page environ, vous exposerez à partir d’une de la réalisation d’une carte mentale comment les esquisses de ce corpus vous permettent d’étudier et d’analyser les recherches graphiques de RODIN. Votre approche pourra s’appuyer sur les techniques de dessin choisies, les supports employés et enfin les sujets traités  ».
  • Les élèves travaillent initialement en petits groupes et réalisent ensuite une mise en commun. (voir les ressources scientifiques présentées en annexe pour les éléments à repérer).

[(Études comparatives avec d’autres œuvres picturales proposant une relecture de l’œuvre de Dante.

  • Eugène Delacroix, La barque de Dante ou Dante et Virgile aux enfers, huile sur toile, 189 X 246 cm, 1822. (Diapositive 6)
    Ici on trouve davantage de personnages : Dante et Virgile sont menés aux enfers par Charon et les corps des damnés s’accrochent à la barque.
    On retrouve l’idée de l’effroi, mais ici on en voit l’origine : les damnés et le paysage infernal qui est suggéré.
    Par contre, dans le dessin de Rodin l’horreur n’est pas représentée : on la comprend par la posture de Dante se réfugiant dans les bras de Virgile de façon presque enfantine. C’est à nous d’imaginer ce qui peut effrayer le poète.
  • Jean-Baptiste Corot, Dante et Virgile, Museum of Fine Arts Boston, huile sur toile, 170, 5 X 260,4 cm, 1859. (Diapositive 7)
    Ici le paysage a une importance encore plus grande. C’est d’ailleurs une des interprétations picturales possibles du texte de Dante : la circulation dans un espace, l’au-delà étant traité comme un vaste paysage. Corot, peintre de paysage, traite ici d’un paysage fantastique et symbolique : la « forêt obscure » où Dante se trouve ayant perdu « la voie droite », les bêtes féroces préfigurant les démons et un ombre au milieu de la forêt (désignée par Virgile) marquant l’entrée de l’Enfer.
    La gestuelle des personnages a une importance, mais ce qui compte le plus est le paysage et son atmosphère. Là aussi, la comparaison avec le dessin de Rodin montre à quel point l’expressivité des corps est centrale dans son œuvre.)]
E.Delacroix, La barque de Dante,1822, détail, musée du Louvre
http://art.rmngp.fr

Confrontation avec le texte de Dante, La Divine Comédie, extrait de l’Enfer.

Objectif :
Prendre connaissance de La Divine Comédie, poème de quinze mille vers écrit au début du XIVe siècle, entre 1307 et 1321. Dante (1265-1321) apparaît comme un poète vivant à la charnière du Moyen Âge et du monde moderne.

Œuvre travaillée :
Le chant I de L’Enfer

Ce que font les élèves  :
 Analyser l’évolution de la figure classique de Virgile.
 Les élèves ont effectué quelques recherches préalables sur Dante et sur son œuvre La Divine Comédie. A partir de leurs recherches personnelles et du texte distribué, ils en déduisent la raison de la présence de Virgile dans le cercle des Enfers et le rôle que va tenir à ses côtés Dante lors de son voyage initiatique.

Questionnaire possible pour accompagner les élèves :

  • Quels indices permettent au poète de penser qu’il rencontre Virgile ?
  • Comment apparaît le lieu où se produit la rencontre ? Quel est ce lieu selon vous ? Quelles hypothèses vous permettent de formuler les quatre premiers tercets du chant I ? Il faudrait alors les fournir ici.
  • Quel sentiment éprouve le poète pour l’auteur antique ? Comment cela se manifeste-t-il ?

Texte distribué aux élèves.

[( La Divine Comédie , poème de quinze mille vers est un « récit de rêve » écrit au début du XIVe siècle (entre 1307 et 1321). Poète vivant à la charnière du Moyen Âge et du monde moderne, Dante (1265-1321) compose l’œuvre en exil, alors qu’en 1302, il est excommunié de Florence où il était l’un des premiers magistrats de la République. Dans ce voyage de la contrainte, il incarne celui qui doit payer sa faute à moins d’être sauvé par la vertu. Animé par l’amour de Béatrice, le poète franchit les étapes d’un voyage initiatique à l’intérieur de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis (voir les ressources complémentaires présentées en annexe).)]

Extrait proposé : la rencontre avec Virgile.
Chant I, l’Enfer, vers 61 à 93.

« Déjà je retombais dans le val, quand s’avance
Quelqu’un qui paraissait dans un trop long silence
Avoir comme brisé les cordes de sa voix.

Dès que je l’aperçus : « Prends pitié de ma peine,
Qui que tu sois, criai-je, homme ou bien ombre vaine,
Dans ce désert immense où perdu tu me vois ! »

— « Homme je ne le suis, car j’ai cessé de l’être, »
Répondit-il ; « Mantoue autrefois m’a vu naître,
De parents mantouans et lombards comme moi.

Je naquis sous César, avant sa tyrannie,
Et Rome sous Auguste a vu couler ma vie
Dans le temps où régnaient les dieux faux et sans foi.

Poète, j’ai chanté ce pieux fils d’Anchise,
Venu de Troie après que la ville fut prise
Et de ses fiers remparts vit s’écrouler l’honneur.

Mais toi, pourquoi rentrer dans ce lieu de détresse ?
Pourquoi ne pas gravir la pente enchanteresse
Principe de tout bien, chemin de tout bonheur ? »

« Tu serais, » répondis-je en inclinant la tête,
« Se peut-il ? Tu serais Virgile, ce poète
Qui répand l’harmonie à si larges torrents ?

O toi, gloire et flambeau des chantres de la terre,
Compte-moi cet amour et cette étude austère
Qui m’ont tenu courbé sur tes vers si longtemps !

C’est toi mon maître, toi mon unique modèle ;
C’est de toi que j’ai pris en disciple fidèle
Ce beau style puissant dont on m’a fait honneur.

Je fuis, tu le vois bien, cette bête sauvage.
Aide-moi, défends-moi contre elle, illustre sage !
Elle me fait trembler les veines et le cœur. »

— « Si tu prétends sortir de ce bois plein d’alarmes, »
Répondit-il, voyant que je versais des larmes,
« Dans un autre chemin il faut porter tes pas. »

Dante, La Divine Comédie, Chant I, l’Enfer, vers 61 à 93.
Traduction proposée par Louis Ratisbonne, 1970

++++Le Penseur et le poète

B. Le Penseur, Allégorie poétique et sculptée du poète

Analyse plastique du Penseur, musée Rodin, Paris, bronze, 0,719 X 0,451 X 0,562 m, 1880. (Diapositive 8)
Projeter l’image.
Présentation de type magistral de l’analyse plastique du Penseur  :

A.Rodin, Le Penseur, 1880, musée Rodin, Paris
  • Cette œuvre, d’abord destinée au tympan de la Porte de l’Enfer (projeter diapositive 5), a fini par s’autonomiser et devenir une des œuvres les plus célèbres de Rodin. Cette sculpture joue sur le contraste entre l’attitude méditative du personnage et son corps qui semble fait pour l’action. Ce contraste vient mettre en valeur l’idée de réflexion et suggère que cette action pourrait suivie d’une action. La réflexion en question porte sur le sens même de la destinée humaine comme le montre très clairement sa place au sommet de la Porte de l’Enfer. Dans ce contexte, il se penche vers le bas pour contempler les cercles des Enfers. Tout le corps est en déséquilibre vers l’avant, vers l’Enfer. Ce mouvement vers l’avant donne à l’œuvre « (…) un inexprimable mouvement tragique  » (Cf. Mirbeau).
  • La représentation du corps est là pour exprimer le sentiment, les mouvements de l’âme. En ce sens, on peut rattacher Rodin au symbolisme, tendance de l’art de la fin du dix-neuvième siècle qui s’attache à faire du visible l’indice de l’invisible. Rodin participe de ce projet, en se confrontant à la matérialité de la glaise et du marbre et à la représentation du corps humain.
  • On observera aussi que le socle est complétement intégré à l’œuvre ce qui a pour effet de l’enraciner dans le lieu dans lequel elle se trouve.
  • La technique du bronze met en valeur le jeu des ombres et des lumières, la couleur sombre du bronze contrastant avec les reflets clairs sur cette surface métallique. Les parties en saillies mettent en valeur l’anatomie en révélant l’aspect à la fois ascétique et puissante.

Pour toutes les considérations techniques, on se reportera à ce lien sur le site du musée Rodin avec profit :
http://www.musee-rodin.fr/sites/musee/files/editeur/PDF/Documents/141203_MR_DD_RLA-BD-V-WEB.pdf
On trouvera des indications intéressantes sur cette œuvre et son contexte ici (toujours sur le site du musée Rodin) :
http://www.musee-rodin.fr/sites/musee/files/editeur/PDF/131114_MR_DD_RLA-BD.pdf

  • Cette posture si expressive a été inspirée par le Laurent de Médicis de Michel-Ange (marbre, Nouvelle Sacristie de San Lorenzo, Florence, 1519-34) (diapositive 9) où cette sculpture a souvent été interprétée comme symbolisant la contemplation, tandis que la statue de Julien de Nemours, lui faisant face, symbolisait l’action.
  • Une autre source pourrait être Ugolin de Carpeaux (bronze, 194 cm X 148 cm X 119 cm, Paris, musée d’Orsay, 1862). Ce personnage dont il est question dans l’Enfer est censé, après avoir été enfermé dans une tour pour trahison (du parti des Gibelins, favorables à l’Empereur plutôt qu’au Pape), y avoir dévoré ses fils et petits fils. On retrouve l’attitude pensive, même si elle davantage tourmentée dans l’œuvre de Carpeaux (Ugolin étant représenté alors qu’il raconte le châtiment subi) que dans celle de Rodin.

++++L’enfer en musique

C. Inferno, Dante Symphonie, (du texte à la musique).

Découverte  :
Début du premier mouvement, Inferno, de la Dante Symphonie de Liszt.

Objectifs :

  • Définir la musique à programme, musique instrumentale dont la source d’inspiration repose sur un programme extra musical et qui se présente comme un opéra privé du secours de la parole.
  • Établir des correspondances entre le texte de Dante et la musique composée par Franz Liszt.
  • Comparer les deux relectures du texte de Dante, celle de Liszt et celle de Rodin.

Que font les élèves ?

  • Écoute du début de la Symphonie (environ 1m11) : c’est une première écoute aveugle pour permettre aux élèves une imprégnation neutre.
     A partir de cette écoute initiale, les élèves relèvent de manière spontanée des éléments sonores relevés sous forme de carte mentale.
     Par groupes, à partir des cartes mentales, ils sont amenés à classer les éléments : ce qui relève du caractère de l’œuvre (adjectifs qualificatifs), ce qui relève de l’instrumentation et de l’orchestration, ce qui relève du traitement du temps musical (tempo, pulsation, éléments rythmiques saisissants), ce qui relève de la forme musicale (thèmes et leurs réapparitions).
  • Seconde écoute du début de la Symphonie : comment Liszt a t-il transcrit musicalement le passage de la Divine Comédie de Dante ?
     A partir des éléments relevés et classés, les élèves établissent des correspondances entre l’univers de Dante et sa réécriture musicale.
     Pour affiner les propositions des élèves, le professeur fournit le Chant III de l’Enfer de Dante, source d’inspiration du compositeur qui accompagne la partition de la symphonie. Ce passage correspond au moment où Virgile et Dante se retrouvent face à la porte des Enfers et découvrent l’inscription suivante :

"Par moi on va dans la Cité dolente
Par moi, on va dans l’éternelle douleur
Par moi on va chez les âmes perdues

La justice inspirera mon noble Créateur :
Je suis l’œuvre de la puissance divine,
De la sagesse suprême et de l’Amour.

Avant moi, rien ne fut créé
Sinon d’Éternel, et moi je dure éternellement
Vous qui entrez, laissez tout Espérance."

Correction à partir du site de la Cité de la musique via le portail Eduthèque : http://education.citedelamusique.fr/edutheque/Decouverte.aspx > rubrique "Thématiques"

  • Les élèves peuvent y écouter le début de l’œuvre en ayant sous les yeux la partition avec un curseur qui leur permet de suivre précisément le déroulement de la musique entendue.
  • La partition va servir de repère visuel :
     Identification précise des instruments tels l’association de trombones et tuba qui joue le premier motif symbolisant le premier vers "Par moi, on va dans la Cité dolente".
     Repérage des effets sonores comme certaines modes de jeux qui exprime la terreur de Dante (roulement de timbale, silences expressifs, tremolos des cordes, les jeux de nuances...).
    Les élèves pourront aussi constater que le compositeur a inscrit sous les notes des motifs principaux, tel un récitatif instrumental, les mots du poème de Dante.

[(Définitions du vocabulaire musical  :

  • Tremolos  : mode de jeu employé sur des instruments à cordes frottées ; il est réalisé à partir de l’archet et par un mouvement nerveux de la main ; il permet de réaliser la répétition très rapide de notes musicales afin d’obtenir un effet sonore expressif.
  • Nuances  : intensités sonores.
  • Récitatif  : écriture vocale qui tente de se rapprocher d’un chanté/ parlé afin de mettre en valeur l’intelligibilité du texte. Il se caractérise par une écriture syllabique (une seule note chantée sur chaque syllabe) un ambitus modéré (l’ambitus est la distance qui existe entre la note la plus grave et la note la plus aiguë chantées), une prédilection pour un registre médium, une présence instrumentale limitée de manière à ne pas écraser la voix. Initialement, le récitatif était principalement rattaché au genre de l’opéra mais il existe dans de nombreux autres genres vocaux et les compositeurs ont volontiers transposé cette écriture vocale au domaine instrumental. Dans Inferno, Liszt y recourt de manière symbolique puisque les paroles ne sont pas entendues mais sont bien notées sur la partition.)]

Comparaison entre les deux relectures de l’Enfer de Dante par Liszt et par Rodin :
Sous la forme d’une synthèse rédigée, les élèves devront aborder les passages significatifs qui ont inspiré les deux artistes, les procédés techniques spécifiques employés pour retranscrire ces passages significatifs (ce qui permettra aux élèves de proposer une première définition de la musique à programme) et le regard porté par chaque artiste sur le texte de Dante.
Il s’agit bien de souligner les regards différents : alors que Rodin s’attache à la figure du poète, Liszt se focalise sur un paysage sonore terrifiant, celui de l’Enfer.

Ouverture vers une écoute périphérique :
On peut proposer aux élèves de comparer le mouvement Inferno à d’autres visions musicales de l’Enfer sensiblement contemporaines comme celle proposée dans La Damnation de Faust par Berlioz ou par jeu d’opposition une vision du paradis comme celle que l’on peut percevoir dans le Prélude de Lohengrin de Wagner.

++++Annexe et Ressources

Annexe

DOSSIER DE DIAPOSITIVES

Les TraAM en histoire des arts Dante se jetant dans les bras de Virgile

télécharger les diapositives

RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

Les dessins noirs, une clef pour comprendre la sculpture de Rodin

Les dessins noirs de Rodin

  • Il s’agit d’un ensemble d’une centaine de dessins des années 1880 au lavis et en couleur majoritairement inspirés de « l’Enfer » de Dante car servant de travaux préparatoires à la Porte de l’Enfer, un grand ensemble sculpté commandé par la direction des Beaux-Arts à Rodin en 1880 et d’abord destinée à un Musée des Arts décoratifs. Le penseur et Le baiser sont des œuvres célèbres de Rodin qui ont d’abord été intégrées à cet ensemble avant d’en être extraites.
  • Ayant reçu la commande, Rodin lit le livre de Dante « un crayon à la main  » afin « de travailler dans l’esprit de ce formidable poète ». Il ne s’agit pas pour lui de faire des esquisses préparatoires, mais de s’imprégner de l’esprit du poète pour concevoir sa Porte de l’Enfer.

La Porte de l’ Enfer

 : (ressources issues site du musée Rodin : http://www.musee-rodin.fr/fr/collections/sculptures/la-porte-de-lenfer )

1880-vers 1890, bronze, H. 635 cm ; L. 400 cm ; P. 85 cm
Fonte réalisée par la fonderie Alexis Rudier en 1928 pour les collections du musée.

  • La Porte de l’Enfer occupe une place tout à fait particulière dans la création de Rodin. Travaillant avec fièvre durant plusieurs années, il créa plus de deux cents figures et groupes qui forment un véritable vivier dans lequel il puisa durant le reste de sa carrière. Après avoir espéré pouvoir la présenter à l’Exposition universelle de 1889, le sculpteur laissa La Porte de côté à la fin des années 1880.
  • À plusieurs reprises, il eut pourtant l’ambition d’achever son œuvre. Dans le cadre de sa grande exposition personnelle de 1900, il résolut de la montrer enfin au public, mais dans un état fragmentaire puisqu’il renonça finalement à mettre en place les figures les plus en relief, indépendantes de la structure principale, jugeant qu’elles produisaient un contraste trop fort avec le fond.
  • Vers 1907, La Porte fut proche de voir le jour dans une version luxueuse, alliant le bronze et le marbre, qui devait être installée au musée du Luxembourg, où étaient exposées les œuvres acquises par l’État auprès des artistes contemporains.
  • C’est en 1917 seulement que Léonce Bénédite, premier conservateur du musée Rodin, parvint à convaincre le sculpteur de le laisser reconstituer son chef-d’œuvre pour en faire réaliser une fonte, Rodin mourut avant de voir le résultat de tous ses efforts.

Dante se jetant dans les bras de Virgile

Pour Rodin : « C’est bien simple, mes dessins sont la clef de mon œuvre » (propos tenus au journaliste Benjamin en 1910). Il disait aussi : « Ma sculpture n’est que du dessin sous toutes les dimensions. " (Cf. carnets de Rodin).

Les points suivants pourront être mis en avant par les élèves lors de la mise en commun à partir de leurs cartes mentales et des dessins réalisés par leurs soins :

  • Travail à la plume et au crayon : on peut observer des traits plus sombres et nets (encre), d’autres plus clairs et flous, révélant le grain du papier (crayon).
  • Ces deux techniques ne sont pas séparées, mais combinées.
  • Les personnages sont esquissés, plus que représentés avec une parfaite précision.
  • En regardant le dessin, on sent toujours le geste de l’artiste. À l’opposé de la tradition académique (et on retrouvera cela dans sa sculpture) Rodin n’efface pas son propre geste dans une recherche de « fini », synonyme à cette époque de perfection. Le dessin, technique plus rapide et spontanée, se prête à cela.
  • On remarque qu’il y a texte et dessin associés : cela renvoie au statut de travail de recherche de cette œuvre. Nous regardons le carnet où l’artiste note ses réflexions. Pas une œuvre finie.
  • Esthétique de l’inachevé chère à Rodin, du non finito (comme Michel-Ange une des influences majeures de Rodin) que l’on retrouve dans ses sculptures.
  • Recherche d’une grande expressivité des corps. C’est par le corps que les sentiments sont exprimés (parallélisme avec la danse et le théâtre).
  • L’esquisse ne définit pas complétement les formes, elle témoigne du projet, de la recherche, des hésitations de l’artiste en train de composer (textes et traits se mêlant) les traits à la mine de plomb se superposent et brouillent la lecture des formes au point de suggérer le mouvement des personnages les rehauts de blanc et les trames sombres rappellent le regard du sculpteur qui dispose les masses en jouant avec la lumière et l’ombre, le vide et le plein.
  • Le trait repris plusieurs fois constitue une des nombreuses études anatomiques de l’artiste.
  • Rodin focalise sur le corps (sans attribut, sans costume, sans contexte) pour rendre l’aventure de Dante universelle.

Confrontation entre le texte de Dante et les dessins noirs de Rodin

La Divine Comédie

 :

  • La Divine Comédie, poème de quinze mille vers est un « récit de rêve » écrit au début du XIVe siècle (entre 1307 et 1321). Poète vivant à la charnière du Moyen Âge et du monde moderne, Dante (1265-1321) compose l’œuvre en exil, alors qu’en 1302, il est excommunié de Florence où il était l’un des premiers magistrats de la République. Dans ce voyage de la contrainte, il incarne celui qui doit payer sa faute à moins d’être sauvé par la vertu. Animé par l’amour de Béatrice, le poète franchit les étapes d’un voyage initiatique à l’intérieur de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis.
  • Non moins décisive, la rencontre avec Virgile qui se déroule dans le troisième acte du prologue (premier chant de l’Enfer) s’ajoute aux trente-trois chants : « Tu es mon maître et mon auteur /, tu es le seul où j’ai puisé / le beau style qui m’a fait honneur. » (vers 85-87). Elle forme l’équilibre du récit car comment s’orienter « au milieu du chemin de notre vie » (vers 1) en l’absence d’un guide ? À ce grand poète de l’Antiquité, il devait son style et sa renommée. Grâce à lui aussi, il s’éloigne de la forêt sombre de l’Enfer. Virgile reste à ses côtés car il sait la dureté des épreuves qu’il lui faudra traverser, le douloureux prix de l’enseignement qu’il retirera de sa rencontre avec les damnés. Il conduit le poète aux portes de l’Enfer où chaque rencontre promet d’être une expérience afin d’acquérir la liberté et se rendre responsable de son destin.
 

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