HDA Créteil

La guerre en musique

18 / 01 / 2011 | Claire JANNIN

Discipline concernées : histoire, éducation musicale
Période historique : le XXe siècle
Thématique : art-État-pouvoir, arts-espace-temps

Objectif

Ce projet permet à la fois de faire de l’histoire des arts avec les élèves mais aussi de les préparer à la nouvelle épreuve du Brevet des collèges.

Démarche

Chaque séquence du programme de troisième portant d’ une manière ou d’une autre sur la guerre s’appuie sur l’étude simultanée, en cours de musique et en cours d’ histoire, d’extraits musicaux, de chansons populaires, d’hymnes mais aussi d’extraits de films. Les oeuvres sont donc rigoureusement les mêmes avec parfois une première découverte en cours de musique, parfois en cours d’ histoire.
Le projet s’étend sur toute l’année. On ne traite ici que la première partie du programme. Cependant deux autres séquences sont prévues, dans le chapitre sur la guerre froide et dans le chapitre sur les États-Unis.
Concernant la première partie du programme, la totalité des œuvres musicales évoquées ont été utilisées en classe de troisième, en les intégrant totalement à la progression d’histoire. Cependant, il est tout à fait envisageable de n’en retenir que quelques-unes (par exemple une œuvre musicale par chapitre).

Problématique

Il s’agit d’étudier le rôle de la musique dans les guerres (Chants idéologiques/guerriers, œuvres musicales de mémoire de guerre, commande musicale d’État) ; mais aussi la place du thème de la guerre dans la musique au XXe siècle.
C’est s’interroger sur la/les vision(s) de la guerre que donne la musique : il apparaît ainsi que la musique donne souvent une vision mémorielle et conflictuelle de l’histoire

Déroulement de la séquence

PARTIE I : 1914-1945/ GUERRES, DÉMOCRATIES, TOTALITARISMES

Chap. 1 : LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Ce chapitre est traité en 5 leçons :

I. 1914-1918 : Les phases de la guerre
II. Être soldat pendant la guerre de 1914-1918
III. Une guerre totale
IV. Le bilan de la guerre
V. Les révolutions russes (Cette leçon est placée à la fin du chapitre car elle fait la transition avec le chapitre sur l’URSS de Staline)

Les 2 leçons qui constituent un temps fort pour l’HDA sont la deuxième et la cinquième leçon.

II. Être soldat pendant la guerre de 1914-1918

Quelle est la vie des soldats au front ?
A. Des combats très meurtriers
B. Vivre et tenir au front

Les élèves écoutent la « Chanson de Craonne » et regardent la vidéo qui l’accompagne.

Chanson de Craonne

1ère étape : le ressenti les élèves
Ils sont frappés par le décalage entre le film d’archives, montrant la cruauté de la guerre et la mélodie entraînante, dansante de la chanson type « valse ».
À la deuxième écoute, leur conclusion est que les paroles d’images concordent pour dépeindre cruauté, souffrance, peur.

2ème étape : les élèves répondent à des questions sur la chanson
C’est un chant de 1917, né après les mutineries qui éclatent en cette troisième et terrible année de guerre. Sans auteur connu, les paroles ont été recueillies au front par un intellectuel français communiste : Paul Vaillant-Couturier. Elle est chantée sur l’air de « Bonsoir M’amour », chanson de Charles Sablon.

Q1. Quelles sont les difficiles conditions de vie au front ?
-l’injustice, la barbarie, le sentiment des soldats d’être « sacrifiés »
-la tranchée : souffrance, pluie, boue, froid, mort des camarades, manque de sommeil, privations
-la tranchée est comparée à une tombe

Q2. Malgré leurs souffrances, qu’on vient de lister, qu’est-ce qui fait tenir les soldats ?
-C’est la mise en place d’une solidarité entre soldats, un sentiment très fort de camaraderie

Q3. Quelle vision les soldats ont-ils de l’arrière ?
-un sentiment de supériorité par rapport au « civelots », puis de « rancoeur »

Cela montre le décalage profond entre le front et l’arrière (où une propagande active, dont on reparle dans la leçon III, tente de laisser les civils de l’arrière dans l’ignorance de ce qui se passe au front)
un sentiment de résignation : ils ont conscience de leur importance et du devoir qui leur incombe pour sauver la patrie.
cela amène à une certaine lassitude face à l’hécatombe à laquelle les généraux les envoient. Les soldats refusent progressivement de monter en première ligne. Ces mutineries qui éclatent sont réprimées avec des condamnations pour l’exemple.

Cette chanson fut donc interdite. En effet, à l’époque, la censure, le contrôle permanent de l’opinion publique, ainsi que la désinformation sont au coeur de la politique.
Pour clore le chapitre de 1914-1918. Une sortie est prévue, avec tous les troisièmes de l’établissement à Péronne. Cette sortie a eu lieu en mai... lorsque fleurit le coquelicot, fleur symbole de la terrible bataille de la Somme.

Chanson de Craonne
Paroles anonymes diffusées par Paul Vaillant-Couturier. Musique de Charles Sablon, 1917

Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s’en va là-haut en baissant la tête

Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C’est nous les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

Refrain :
C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr’ les biens de ces messieurs là

Refrain :
Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra votre tour messieurs les gros
De monter sur l’plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

V. Les révolutions russes de 1917

En quoi les révolutions de 1917 marquent-elles un tournant pour la Russie ?
A. La situation de la Russie à la fin de 1916
1. Un régime tsariste
2. Une société inégalitaire
3. Des défaites militaires qui s’accumulent
B. Le programme des bolcheviks et les révolutions de 1917
Après l’abdication de Nicolas II et la prise du pouvoir par Lénine
1. Donner la terre aux paysans
2. La paix avec l’Allemagne pour pouvoir faire la révolution
3. Le pouvoir aux soviets
C. La Russie sort du conflit mondial mais entre en guerre civile

Écoute et explication de la chanson « Les Partisans Blancs »

Les Partisans Blancs

C’est un chant guerrier anonyme chanté par les Russes blancs lors de la guerre civile qui dure de 1918 à 1920.

Dans le froid et la famine,
Par les villes et par les champs,
A l’appel de Dénikine,
Marchaient les Partisans Blancs. (bis)

Sabrant les troupes bolcheviques,
Et ralliant les Atamans.
Dans leurs campagnes épiques,
Ils traquaient Trotski tremblant. (bis)

C’est pour la Sainte Russie,
Pour la vieille tradition,
Pour la gloire et la patrie,
Que luttaient ces bataillons. (bis)

Votre gloire est immortelle,
Volontaires et Officiers Blancs,
Et votre agonie cruelle,
La honte de l’Occident. (bis)

« Dénikine » : le général, chef des Russes blancs

« Partisans Blancs »/« Volontaires et Officiers Blancs » : 20Ce sont ceux qui refusent la révolution bolchevique, qui souhaitent conserver la monarchie tsariste et le système des grandes propriétés

« famine » : Les bolcheviques réquisitionnent les récoltes, ce qui gêne fortement le ravitaillement de leurs ennemis

« troupes bolcheviques » : ce sont, par opposition aux Russes blancs, les Russes « rouges », c’est-à-dire les révolutionnaires qui ont mis en place une « armée rouge » qui leur permet de s’imposer en 1921

« Trotski » : théoricien de la révolution bolchevique, proche de Lénine qui a pris le pouvoir en Russie. Trotski est l’organisateur de l’armée rouge.

« Sainte Russie » : Russie tsariste de Nicolas II

« La honte de l’Occident » : « les Blancs » sont, dans un premier temps, soutenus par les Etats de l’Entente (c’est-à-dire de l’Europe de l’Ouest ). Mais ce soutien cesse car les Etats ont besoin de toutes leurs forces pour terminer la Première Guerre mondiale. En 1920, manquant de renforts, les Blancs sont vaincus.
La guerre civile Russes Rouges-Russes Blancs fait 7à 10 millions de morts.
Ce chant a été immédiatement repris par les bolcheviques (Russes Rouges) qui ont détourné les paroles à leur profit dans la chanson « Les partisans ». Voici les nouvelles paroles transformées :

http://www.chambre-claire.com/PAROLES/Les-Partisans.htm

Les partisans

Par le froid et la famine
Dans les villes et dans les champs
A l’appel du grand Lénine (bis)
Se levaient les partisans.

Pour reprendre le rivage
Le dernier rempart des blancs
Par les monts et par les plaines
S’avançaient les partisans. (bis)

Notre paix, c’est leur conquête
Car en mil neuf cent dix-sept
Sous les neig’s et les tempêtes
Ils sauvèrent les Soviets. (bis)

Ecrasant les armées blanches
Et chassant les atamans
Ils finirent leur campagne
Sur les bords de l’Océan. (bis)

Chap. 2 : L’URSS DE STALINE

Ce chapitre est traité entre en 3 leçons :
I.Le pouvoir en URSS
II.La collectivisation de l’économie en URSS
III. La société contrôlée par le pouvoir
C’est au cours de cette troisième leçon qu’a lieu le temps fort de l’HDA avec l’étude de l’hymne de l’Union soviétique.

En conclusion du chapitre, les élèves ont eu l’occasion d’aller passer une journée « russe » à Paris.
le matin, la visite de l’exposition « Lénine, Staline et la musique » à la cité de la musique à La Villette.
l’après-midi, la visite du quartier russe dans le VIIIème arrondissement avec la visite de la cathédrale Alexandre Nevski.

III. La société contrôlée par le pouvoir

Comment le pouvoir soviétique s’efforce-t-il de créer un « homme nouveau » ?

A. une société étroitement contrôlée
1. L’art au service de la propagande
Étude de l’hymne de l’Union soviétique d’août 1944, composée par Alexandre Alexandrov
2. La police surveille et emprisonne
B.Une société terrorisée
1. Les camps du goulag
2. Les procès de Moscou de 1936-38

Étude de l’hymne de l’Union soviétique d’août 1944, composée par Alexandre Alexandrov

Hymne de l’Union Soviétique

Les élèves ont d’abord découvert l’hymne soviétique en cours de musique. Ils ont appris à chanter en russe. Le travail, en cours d’histoire, est donc d’analyser les paroles et de définir :
la propagande de Staline
le culte de la personnalité rendue au chef

1ère strophe : Elle évoque la création de l’URSS en 1922, en insistant sur l’idée de libre adhésion des républiques, et en en gommant le caractère autoritaire et la perte d’autonomie de ces républiques.
Refrain : -Il évoque la gloire et la victoire. Cet hymne a des paroles de 1944. Il est donc écrit dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands ont été repoussés, grâce à la victoire des soviétiques en février 1943 à la bataille de Stalingrad.
Il s’agit donc d’une exaltation du sentiment patriotique et guerrier.
L’étendard soviétique est un drapeau :
rouge : la couleur de la révolution
avec un marteau : le symbole de la classe ouvrière
avec une faucille : le symbole de la paysannerie
2e strophe : Lénine et Staline, les deux chefs successifs de l’URSS, sont glorifiés. Un culte de la personnalité est organisée autour d’eux. Ils sont présentés comme : 1/Des héros, 2/Les bons pères du peuple 3/des dieux.
Le vocabulaire utilisé est du registre héroïque et religieux (exemple : la foi, les exploits...)
3e strophe : Elle rejoint le thème du refrain.
Hymne soviétique, 1944

Paroles officielles en russe

Союз нерушимый республик свободных
Сплотила навеки Великая Русь.
Да здравствует созданный волей народов
Единый, могучий Советский Союз !

Припев
Славься, Отечество наше свободное,
Дружбы народов надёжный оплот !
Знамя советское, знамя народное
Пусть от победы к победе ведёт !

Сквозь грозы сияло нам солнце свободы,
И Ленин великий нам путь озарил :
Нас вырастил Сталин — на верность народу,
На труд и на подвиги нас вдохновил !

Мы армию нашу растили в сраженьях.
Захватчиков подлых с дороги сметём !
Мы в битвах решаем судьбу поколений,
Мы к славе Отчизну свою поведём !

Transcription

Soïouz nerouchymyï respoublik svobodnykh
Splotila naveki Velikaïa Rous’ !
Da zdravstvouïet sozdannyï voleï narodov
Iedinyï, mogoutchiï Sovietskiï Soïouz !

Pripev
Slavsia, Otetchestvo nache svobodnoïe
Droujby narodov nadiojny oplot !
Znamia sovietskoïe, znamia narodnoïe
Poust’ ot pobedy k pobede vediot !

Skvoz’ grozy siïalo nam sontse svobody,
I Lenin veliki nam pout’ ozaril :
Nas vyrastil Stalin — na vernost’ narodou,
Na troud i na podvigui nas vdokhnovil !

My armiïou nachou rastili v srajen’iakh,
Zakhvattchikov podlykh s dorogui smetiom !
My v bitvakh rechaïem soud’bou pokoleniï,
My k slave Ottchiznou svoïou povediom !

Traduction en français

L’Union indestructible des républiques libres
A été réunie pour toujours par la Grande Russie.
Que vive, fruit de la volonté des peuples,
L’unie, la puissante, Union Soviétique !

Refrain 
Sois glorieuse, notre libre Patrie,
Sûr rempart de l’amitié des peuples !
Étendard soviétique, étendard populaire,
Conduis-nous de victoire en victoire !

À travers les orages rayonnait le soleil de la liberté,
Et le grand Lénine a éclairé notre voie :
Staline nous a élevés — il nous a inspiré
la foi dans le peuple, l’effort et les exploits !

Notre armée est sortie renforcée des combats
Nous libérerons notre pays de ses vils envahisseurs !
Nos batailles décideront de l’avenir du peuple,
Nous couvrirons notre pays de gloire !

Chap. 4 : LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Ce chapitre est traité en cinq leçons :
I. Le monde en guerre
II. L’Europe sous la domination nazie
III. Le régime de Vichy
IV. Les résistances en France
V. Bilan de la guerre

Ce sont les leçons II, IV, V, qui constituent les temps forts de l’HDA

II. L’Europe sous la domination nazie

Quels sont les aspects et les finalités de la domination nazie sur l’Europe ?

Une introduction rappelle les aspects de cette domination.
 le pillage économique de l’Europe
 l’obligation pour les prisonniers militaires et civils de venir travailler en Allemagne
 la torture et d’exécution des opposants politiques au régime
 la persécution des juifs (brimades, vexations, humiliations) et des tsiganes

A. Des ghettos aux camps de concentration
1. Les ghettos

En 1940, les nazis enferment les juifs de Pologne dans des ghettos, où beaucoup meurent de faim et de maladie.
Les ghettos sont au Moyen âge des quartiers juifs. Ce nom finit par désigner les quartiers des villes de Pologne où ont été enfermés les juifs.
En 1940, les autorités allemandes enmurent un quartier de Varsovie, où ils enferment 400 000 juifs. De juillet à octobre 1942, les nazis en déportent 310 000, essentiellement vers le camp d’extermination de Treblinka. En 1943, le ghetto se soulève mais la révolte est finalement écrasée et les derniers juifs sont déportés. En janvier 1945, ils ne sont plus que 200 survivants.

Écoute du Survivant de Varsovie (A survivor from Warsaw, opus 46).
http://www.wat.tv/video/survivant-varsovie-1b1jc_2g6w5_.html
C’est une oeuvre pour narrateur, choeur d’hommes et orchestre composée par A. Schönberg en1947.
La durée d’exécution de l’oeuvre et de 7 minutes. Les élèves répondent aux questions :

Q1 Quelles langues entendez-vous ?
-de l’anglais (le texte)
-quelques exclamations allemandes
-le choeur final ont hébreu
Q2 Quel est votre ressenti ?
Les élèves ressentent de l’angoisse, du stress
Ils entendent le rythme qui devient de plus de plus rapide.
Explication : c’est l’histoire d’un survivant du ghetto de Varsovie, dans un camp de concentration. L’oeuvre insiste sur les appels et les comptages incessants des juifs par les nazis. La musique évoque les cris, les coups ; et le rythme de plus en plus rapide du décompte pour les déporter vers les camps d’extermination.
Arnold Schönberg, 1874-1951, juif et autrichien, a voulu rendre hommage par une oeuvre d’art aux victimes juives du nazisme.
L’étude purement musicale de l’oeuvre a lieu en cours d’éducation musicale.

2. La déportation en camp de concentration

Dès 1940, les nazis organisent la déportation systématique des résistants mais aussi des juifs, des handicapés mentaux et des homosexuels dans des camps de concentration. Ils y subissent le travail forcé, les mauvais traitements, les expériences médicales, mais aussi la faim et le froid.

Écoute de Different trains, Europe during the war (1988) de Steve Reich

Steve Reich - Different Trains (Europe - During the war)

Steve Reich est né à New York en 1936. C’est un pionnier de la musique minimaliste. À partir de 1976, il développe une écriture musicale basée sur le rythme et la pulsation.

Les élèves répondent à un questionnaire écrit :
Q1 Que distinguez-vous comme sons ? Comme bruits ?
(Réponses attendues : témoignages de rescapés des camps, sirènes, bruits de trains américains des années 1930-1940, la voix de la gouvernante de Steve Reich, la voix d’un employé des wagons-lits)
Q2 Pourquoi des trains ?
La déportation vers les camps de concentration s’effectue essentiellement par le train. Les déportés sont parqués dans des wagons à bestiaux, où le manque d’oxygène, le manque d’hygiène et d’eau provoque déjà une première sélection (des morts) et la déshumanisation.
Steve Reich a choisi ce thème car il est juif dans les années 1940, bien que résidant aux États-Unis.
Sa mère habitant Los Angeles et son père New York, il passe son temps dans le train avec sa gouvernante. À la même époque, des juifs prennent le train vers les camps de concentration et la mort.

B. Le choix de la « Solution finale » : l’extermination des juifs

C’est à la suite de à la conférence de Wannsee, en janvier 1942, qu’est décidée la « Solution finale », une expression codée, employée par les nazis pour dissimuler l’extermination des juifs tout en maintenant secret leur objectif. Les juifs sont envoyés dans des camps d’extermination, principalement en Pologne. Ce sont des vraies « usines à tuer » avec des chambres à gaz et des fours crématoires.

Écoute de la chanson « Nuit et brouillard » de Jean Ferrat, 1963

Questionnaire écrit pour les élèves :
Q1 Que veut dire le titre de la chanson ?
C’est la traduction de « Nacht und Nebel », nom de code donné à la solution finale
Q2 Qu’est-ce qu’évoque cette chanson ?
La déportation (par le train) vers les camps de concentration et d’extermination
Q3 Qui est envoyé dans ces camps ?
Il n’y a pas de distinction. Ferrat insiste sur une sorte d’universalité. C’est l’être humain qui souffre.
Q4 Quel vocabulaire évoque les camps ?
« Wagons plombés », « miradors », « chiens policiers ».
Q5 Quel vocabulaire évoque l’extermination ?
-« Des ongles battants » On en voit les traces dans le béton des plafonds des chambres à gaz à Auschwitz
-ce sont des « ombres » qui ne reverront plus « l’été »
-« à genoux », la posture du condamné/du supplicié
-« ombre, obscurité » vu des neiges qui veulent effacer l’identité des victimes. Ces individus sont éliminés, destinés à l’oubli. À cela, Jean Ferrat oppose une volonté de mémoire et d’hommage.

Au final, près de 6 millions de personnes sont victimes de ce génocide qui représente le paroxysme de la barbarie.

Nuit et brouillard
Paroles et Musique : Jean Ferrat 1963

Nuit et Brouillard Jean Ferrat (Paroles)

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs
Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir

Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours
Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ?
L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

IV. Les résistances en France

Comment les résistants luttent-ils contre l’occupant ?

A. L’appel du 18 juin 1940
B. La résistance intérieure

Écoute du « Chant des partisans »

Le chant des partisans

Le Chant des Partisans
Paroles de Joseph Kessel et de Maurice Druon. Musique de Anna Marly, 1943

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades,
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades ;
Ohé les tueurs, à la balle et au couteau tuez vite !
Ohé saboteur, attention à ton fardeau, dynamite !

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons, pour nos frères,
La haine à nos trousses, et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux du lit font des rêves,
Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève.

Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe ;
Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes,
Sifflez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute.

Le Chant des partisans est l’hymne de la résistance française durant l’occupation allemande, pendant la seconde guerre mondiale.

Travail des élèves
À partir du Chant des partisans, rédigez un paragraphe argumenté d’une quinzaine de lignes, présentant ce qu’est la résistance en France pendant la seconde guerre mondiale, et quelles sont les actions qu’elle mène contre l’occupation allemande.

D’abord, le fait de patriotes isolés, des mouvements clandestins de résistance se forment peu à peu.
Les résistants se regroupent souvent par affinités politiques et syndicales. Ils mènent des actions de sabotage, des attentats, des opérations de renseignement, et ils diffusent une presse clandestine.
Les effectifs de résistants augmentent avec le refus de nombreux jeunes gens d’effectuer le Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Parallèlement, les mouvements de résistance constituent des maquis, c’est-à-dire des lieux où ils se cachent pour échapper aux dénonciations et aux arrestations de la Milice française ou les Allemands. Dans cette chanson, l’engagement résistant est magnifié. Les auteurs soulignent avec justesse à quel point le choix de la lutte est lourd de conséquences, la torture, la déportation et la mort étant souvent au bout du combat.

C. L’unification des résistances

V. Le bilan de la guerre

Sur quels principes se construit l’après-guerre ?

A. Une victoire au goût amer
1. 50 millions de victimes
2. La découverte des camps
3. La maîtrise de l’arme atomique

Écoute de « Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima » de Krzysztof Penderecki, 1960

Penderecki est un compositeur polonais né en 1933.
Thrène chant funèbre accompagné de danses, en l’honneur d’un défunt illustre.

À l’origine, l’oeuvre s’appelait « 8’37 ». C’est la durée de l’attaque sur Hiroshima le 6 août 1945 à 8h15 par le bombardier B 29 Enola Gay, qui largue sur le port japonais d’Hiroshima la première bombe atomique. Celle-ci tue immédiatement 70 000 personnes et 70 000 autres dans les jours et semaines qui suivent à cause des radiations.

Ressenti des élèves
Cette musique suscite de l’angoisse ; elle est oppressante, elle est « pénible » et « agressive ».
Pourquoi ressentez-vous cela ? Qu’imaginez-vous ? Que décrit cette musique ?

 Ils entendent des moteurs d’avion/des sirènes (C’est la bombe)
 la musique donne une impression de panique, de fuite
 ils entendent des hurlements/des plaintes/des cris (ce sont les victimes en train de mourir)

L’oeuvre de Penderecki est sensorielle. Il veut faire de son oeuvre une réelle expression de ses sentiments et dénoncer l’horreur d’un événement dramatique d’une histoire. Cette oeuvre n’utilise en réalité aucun bruitage mais uniquement des instruments à cordes (52 instruments en tout) :
-24 violons
-10 altos
-10 violoncelles
-8 contrebasses

B. À un monde à reconstruire
1. Les procès de Nuremberg
2. Le problème de l’Europe détruite
3. Un nouvel équilibre à trouver

Conclusion de la Partie 1 : « GUERRES, DÉMOCRATIE ET TOTALITARISME »

Écoute de « Né en 17 à Leidenstadt » de Jean-Jacques Goldman

Né en 17 à Leidenstadt
Paroles et Musique : Jean-Jacques Goldman, 1990

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d’un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j’avais été allemand ?

Bercé d’humiliation, de haine et d’ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d’un torrent

Si j’avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d’une foi, d’une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir : tendre une main

Si j’étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent
Rien ne sera comme avant

On saura jamais c’qu’on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L’âme d’un brave ou d’un complice ou d’un bourreau ?
Ou le pire ou plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau
S’il fallait plus que des mots ?

[Refrain]
Et qu’on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D’avoir à choisir un camp

La chanson pose la question de l’engagement et de l’individu qui doit « choisir son camp » dans un pays en guerre.
Il y a un seul thème musical dans cette chanson, qui est modulé à chaque fois qu’un nouveau pays est évoqué.
Leidenstadt est une ville qui n’existe pas. C’est un assemblage de deux mots allemands « Leiden » (souffrance) et « Stadt » (la ville) : elle symbolise donc les souffrances de la guerre.
La première strophe évoque la Seconde Guerre mondiale
la troisième strophe évoque la guerre civile irlandaise entre protestants et catholiques
la quatrième strophe évoque la situation conflictuelle de l’apartheid en Afrique du Sud
la cinquième strophe évoque l’engagement, le choix entre résistance et collaboration

 

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